«Le temps d’une pensée», une autre confession

Le monde de la littérature vient de s’enrichir par un livre intitulé «Le temps d’une pensée», écrit par le Témouchentois, Rahoui Boualem, conseiller diplômé en sports et médaillé des jeux méditerranéens de 1975 en athlétisme. A première vue, le lecteur s’imagine qu’il s’agit là de la carrière sportive et glorieuse que l’auteur traitera dans ce livre. Absolument pas, l’auteur synthétise une tranche de sa vie, essentiellement l’enfance et citera les facteurs ayant contribué à faire de lui une personnalité avec une grande réputation sportive. Dans le préambule de ce livre, Rahoui Boualem écrit: «A travers ce livre que j’écris humblement et de mes propres mains d’autodidacte… j’essaie dans la mesure du possible de raconter mes souvenirs et de me confesser à un peuple qui m’a soutenu dans mon enfance».
Certes, l’enfance est une période très sensible chez l’être humain. Quant à l’auteur, il décrit son enfance comme étant pleine de tribulations, de controverses et d’événements douloureux. En quelque sorte, il a essayé de rafraîchir la mémoire collective des Témouchentois en l’illustrant par la vie dans le quartier de Sidi Saïd, durant l’ère coloniale, peuplé par les Pieds noirs de deuxième rang, en majorité des ouvriers espagnols et les pauvres Algériens qui vivaient en dizaines de famille, dans un seul et grand haouche, partageant les mêmes toilettes et fontaine, mais qui, malgré la ségrégation sociale, restaient solidaires et coopérantes. Sur un autre angle, l’auteur montrera que la société témouchentoise était constituée de Chrétiens, Musulmans et Juifs et n’omettra pas de souligner la générosité de l’église. Après avoir évoqué la souffrance dans sa vie quotidienne, familiale et scolaire, Rahoui reconnaît l’effet de la nation algérienne qui lui a ouvert le chemin de la gloire sportive. En conclusion, l’auteur s’en remet à Dieu pour lui demander le «pardon» pour les pêchés qu’il reconnaît avoir commis durant sa vie, une vie pleine de difficultés et représentant pour lui une triste histoire.

Source : Voix-Oranie

19 réflexions sur « «Le temps d’une pensée», une autre confession »

    1. salut Garcia, c’est l’auteur lui mème qui te répond, si je ne me trompe pas j’ai eu comme ami d’enfance un certain Garcia qui était avec moi à l’école PIERRE-COMBE ainsi que d’autres petits francais. Dis moi ou je pourrais te l’envoyer, je le ferais ave c plaisir. à bientot d’avoir de tes nouvelles.

  1. La ville d’Aïn-témouchent à la gloire de ses enfants. Que les intellectuels s’y mettent; ce n’est pas les sujets qui manquent. Les pensées devraient aussi aller aux martyrs de la révolution, aux co-équipiers de SIKKI, aux artistes (Cheikh Tayeb ATTAR, Bénamar SOUSS, Kaifouh, Cheikh brahim etc…) ainsi qu’à tous nos héros anomynes sans oublier OULD M3ALEM SAID « Hadj BOUCHAÏB »
    Que les internautes visiteurs de ce site agissent et secouent un peu les décideurs responsables de l’édition !!!
    Bravo Boualem et vive la rue d’isly et le faubourg SIDI SAID « Ex: SAINT ANDRE »
    Une pensée pour ton oncle BOUDIA qui est parti trop jeune.

    1. salut kouider, comme par hasard j’ai consulté ce site et je pourrais te dire que j’ai en mémoire la famille benaissa. Par contre le DOCK, c’est là que je passais la plupart de mon temps avec les copains du faubourg (St ANDRE)SIDI-SAID.toute mon amitié.

      1. Bonjour Boualem,

        Je viens seulement de découvrir ta réponse, c’est à dire 1 an après et je ne peux pas m’empècher de te répondre tant les souvenirs remontent à la surface. Je suis le frère de Said du C.R.T. surnommé le  » Gaucher  » et du regretté Ahmed Ould BENAISSA décédé dans l’accident d’avion avec BENCHIHA Ahmed. Parmis les amis commun je te cite les Mahrouz de la rue d’Isly, les Méhadji (Abdelkader et Bouhadjar), Mokaïch, etc.. J’aimerais bien correspondre avec toi si tu veux bien me communiquer ton adresse E-mail ou ton pseudo « SKYPE ».
        Amicalement Kouider.

  2. Bonjour,tout d’abord je rends hommage aux hommes qui ont pris l’initiative de créer le site d’Ain-Témouchent info qui parle de toutes sortes de nouvelles football, et autres, ce site permet à tout citoyen de s’exprimer pour faire évoluer les choses,en tant que pure Témouchentois je suggère de ne pas oublier de parler des anciens qui ont marqué l’histoire de la Ville ainsi que des jeunes.Bravo à vous tous.Lakhdar MOKRANE

    1. MON CHER AMI MOKRANE,JE NE SAIS PAS SI JE POURRAI PARLER DES ANCIENS QUI ONT MARQUE L’HISTOIRE DE NOTRE VILLE NATALE, PEUT-ETRE QU’UN JOUR QUELQU’UN D’AUTRE LE FERA à NOTRE PLACE;ET EN TANT QUE TEMOUCHENTOIS JE TE DIRAI QUE J’AI CINQ GRAND-PERE NEES DANS CETTE VILLE.

  3. Salut mon grand ami,
    Je ne sais pas si tes souvenirs sont intact. Je suis ton ami de Savignon. Ah le fameux Savignon où a vu « naitre » notre heros national. Tu te rappelle certainement de Mr Noiret?, notre Prof d’EPS qui te défendait haut la main.He oui c’était le bon vieux temps. J’espere que tu n’as pas oublié notre rencontre a Marseille, j’étais accompagné de ma femme, je crois en 1982. Mon pere, rahimahou Allah, etait de Ain Temouchent. Tous mes ancêtres étaient de cette magnifique ville. Heureux de ces retrouvailles, cher ami Boualem. Au fait as-tu « réparé » l’incisive qui te manquait? Ton cher ami Kada avait quitté le pays en 1988. Aprés avoir vécu, en famille, en Allemagne de l’Ouest, nous avons ce pays pour les USA. Je suis Ingénieur d’étude et membre du parti d’Obama. Comment se procurer ton chef-d’oeuvre?

    Merci cher ami, porte toi bien et surtout prends soin de ta charmante famille, car tu es le mieux placé pour le faire, Toi qui a connu les affres de la vie.
    Kada EL-FRIH

  4. BRAVO Mr RAHOUI ET MERCI POUR LE DEMI CHRONO DE  » LE TEMPS D’UNE PENSEE » NOUS REMERCIONS AUSSI TOUS CEUX QUI ONT ENRICHI LA BIBLIOTHEQUE TEMOUCHENTOISE CAR NOS X NE CE REFERE QU’A L’ECRIT ET L’ESPRIT DE FÛT ADJOINT MAIRE D’AIN TEMOUCHENT,MERCI POUR LES TROIS ECRIVAINS DE NOTRE ASSOCIATION ET ENCORE BRAVO A TOI TOUS EN SOUHAITANT VOUS LIRE UNE SECONDE FOIS , A BIENTÔT.

  5. Bonjour Kouider Ould Bennaïssa,

    Je reste le seul témoin vivant de l’accident du Jodel D120 qui causa la mort de notre instructeur de l’époque Ahmed BENCHIHA et de mon camarade Ahmed ould Benaïssa, un triste 24 Octobre 1971.

    Cependant je m’étonne qu’ à aucune des manifestations culturelles, souvent festives, du reste, improvisées dans cette ville, personne ne semble se rappeler de ce triste événement;

    Comme personne d’ailleurs, n’évoqua jamais le rôle qu’aura joué feu Benchiha pour le développement d’une activité de sport aérien qui fit de Témouchent une cité privilégiée dont peu de grandes villes du pays pouvait s’enorgueillir.

    Ni que cette ville possédait également l’une des plus belles pistes de karting qui soit.

    La mémoire collective serait-elle plus courte que l’unique piste 16-34 qui jadis, rendit célèbres les atterrissages sur l’aérodrome de Ain-Témouchent.

    A.e.Kader

    1. Bonjour A.e.Kader BENMAZOUZ,
      Je suis la fille de BENCHIHA Hamed j’ai été vraiment surprise d’avoir lu ce beau témoignage en faisant des recherches sur la famille BENCHIHA qui ma vraiment touchée.Je suis contente qu’il existe encore quelques personnes qui pensent a se drame du 24 Octobre 1971.Quand le drame a eu lieux j’était petite et je me rappellerais toute ma vie,et aussi sans oublier Bennaïssa

      1. slt nadia moi aussi maman cest une benchiha cést la cousine de votre defunt papa mon nom de famille il ést tres counue cést belhmame nous en ce trouve en France moi et maman de puis les annee 60 avec mon père la famille de mon père elle ce trouve ain temouchent et maman elle ést de la region de sidi belabese il ya aussi le mecano dàvion à cette epoque la le nom mohamed benchiha lui aussi cest l le cousain a ma mamére ent 1971 javais 8 ans à ce temp la aux moi juillet et aout mamére elle nous amené chaque annee en algerie et je me souvien tres bien loncle a mameré il ma amene avec lui pendat léte de 1971 à làerodrome cést été tres beaux àvoir plusieur avion de tout les couleur du jaune du bleu du rouge il ya avait des voiture de carting et la fameuse piste unique dans son genr16-34 qui rendit des celebre pilote grace à ce monsieur Ahmed benchiha allah yarhmou je sius le fils de cousine fatima zohra benchiha de la ville de nimes 30900 frnce et tres fiere je te ecris ce temoignage avec le cœur tres serre avec fierte chere cousine nadia pour toute la famille benchiha ét cest aussi ma famille a bientôt tres chere cousine.

    2. slt le surnom kadri benmazouz je suis un belhmame le neuveu Miloud camelo et maman cest benchiha cest la cousine du defunt Ahmed benchiha et aussi la cousine de mohamed benchiha le mecano dàvion je me rappelle tres tres bien de toi à cette epoque tu habite au foubourg avec benhadache djilalli aussi mecanicien

  6. Bonjour Nadia,

    Pardon de n`avoir pas lu ton commentaire plus tôt, C`est Sid Ahmed Belhmame et Med Benchiha qui m`ont informé de son existence. Je ne vais pas souvent sur le net.
    En fait, en juillet dernier, je m`étais rapproché de ton frère Hakim pour lui demander ainsi qu`a ta maman de me permettre de réunir quelques souvenirs, documents, photos, qui méritent qu`on les revisite.
    Feu Ahmed Benchiha fut un pionnier reconnu par ses pairs.N`oublions pas qu`il a été le 4ieme pilote prive algérien de l`histoire de l`aviation légère de ce pays.
    N`oublions pas non plus qu`il aura permis de conserver et développer une activité traditionnellement réservée a une catégorie sociale privilégiée. qu`il l`a démocratisée de façon spontanée, alors que rien ni personne ne l`y a avait obligé.
    Je pense qu`il n`est pas trop tard pour que la ville de Ain Temouchent se ressaisisse et reconnaisse a Ahmed Benchiha son rôle dans l`épanouissement de la jeunesse de l`époque, en rendant officiellement hommage a sa mémoire.

    A.e.Kader

  7. Je suis une fille Benchiha de Temouchent , j’aimerais beaucoup savoir comment pouvoir me procurer votre oeuvre , ça m’interesse . Merci 🙂

    1. bonsoir benchiha ma maman cèst aussi une benchiha jai vu ton article jai des document Qui cocernant le defunt Ahmed benchiha à cette epoQue de septembre 1964 au mois de octobre 1964 pendat QUe ils fesait sa formation à.ENAC.ECOLE NATIONAL DE L’AVIATION CIVILE DE CARCASSONNE SALVAZA FRANCE si tu des information je suis prêt a te repondre voici ma boite mailbelhamamesidahmedstampe@outlook.fr

      1. AIN-TEMOUCHENT ou la mémoire assoupie.

        Les habitants de Ain-Temouchent comme ses visiteurs d’ailleurs levaient souvent les yeux vers le ciel pour prier le créateur, espérer un peu de pluie ou essayer de reconnaitre cet oiseau de bois et de toile aux couleurs flamboyantes qui, dans un vrombissement tantôt matinal tantôt tardif dans la journée faisait décoller des grappes d’hirondelles, oui des hirondelles il y en avait encore en ces temps là. C’est l’avion de Benchiha disait-on, il en a plusieurs.
        Le terrain se trouvait au bout de la ville coté nord et la piste d’envol longeait Douar Moulay Mustapha, que les colons avaient baptisé village nègre et que tout le monde de nos jours continue d’appeler el grabats. Très peu de ses habitants parcouraient le kilomètre qui le séparait de la cité pour venir admirer le Stampe biplan de voltige qui faisait la fierté de l’aéroclub. Une plaque de direction sur laquelle figure deux demi-aile enserrant l’inscription CAAT était plantée à la croisée des chemins au niveau de l’ancienne garnison de gardes mobiles coloniale comme pour dissuader les éventuels curieux car cet aérodrome était aussi un terrain militaire; mais nous sommes en 1971 ce dimanche 24 octobre 3ème jour du mois de ramadan et le drame qui va survenir va faire triste date.
        Ahmed Benchiha que ses élèves appelaient Chef était chef pilote, instructeur bénévole et garant d’une activité improbable pour une si petite ville à vocation agropastorale cernée par les vignobles qui faisaient rire ses fêtards lorsqu’on leur faisait remarquer que le long de son grand boulevard on pouvait trouver encore un bar entre deux bars. C’était pour certains une fierté assumée après la prohibition des premières années de l’indépendance.
        La ville s’était rendue célèbre grâce au football avec Omar SIKI, la boxe avec Messaoudi, Benaglia, le cyclisme avec Abbès et Negadi et l’athlétisme des Rahoui … Beaucoup semblent oublier aujourd’hui que Aïn-témouchent cultivait aussi d’autres activités aussi prestigieuses que le vol à moteur, l’aéromodélisme ou le karting. Si les infrastructures ayant permis ces pratiques sportives rares dans d’autres régions du pays ont été préservées c’est grâce à un seul homme, et cet homme s’appelle Benchiha Ahmed, n’en déplaise au fossoyeurs de la mémoire locale car occulter l’existence de ce pionnier des activités éducatives ne peut relever que de l’ignorance si ce n’est de la bêtise humainement inconcevable chez tous les élus qui se sont succédés aux affaires de la cité depuis ce tragique 24 octobre 1971.
        Vers neuf heures, c’était un weekend de ramadan, d’habitude on y était plus tôt, nous nous sommes retrouvés sur le terrain, kaddour Ahmed, Belghomari Ahmed et moi-même pour sortir les avions, les nettoyer, faire le plein de carburant, et attendre notre instructeur. Nous étions tous les trois pilotes confirmés, mais Si Ahmed nous proposait souvent des exercices particuliers en double commandes lorsque les conditions météo s’y permettaient. Il fait fort vent, l’idéal pour perfectionner approche et atterrissage par plus de 20 nœuds de travers. Notre chef arriva dans sa rutilante Renault 16, le soin qu’il apportait à sa voiture comme aux avions était devenu légendaire. Il était accompagné de son ainé de moins de 10 ans, Mourad.
        Le chef décida de n’utiliser que le Jodel D120, car disait-il il arrivait en fin de carrière et nécessitait une GV (grande visite), ce qui s’avérerait trop couteux, donc peu probable d’autant plus qu’il sera bientôt remplacé par des piper 28 cherokee plus modernes que venait d’acquérir les tutelles FASA et DAC-BAL.. autant donc l’utiliser au maximum et préserver le D140 Emeraude avion sanitaire et le PA18 à ailes hautes, le Stampe ayant probablement rejoint un musée fantôme. Ain-Temouchent était le mieux nanti parmi la dizaine d’aéroclubs que complait le pays.
        C’est Belghomari qui le premier grimpa dans le Lima Zoulou (7T-VLZ) en compagnie de notre instructeur, les deux autres avions étant rangés dans leurs hangars. Après quarante minutes de vol et quelques tours de pistes plus ou moins agités, une fois obtenue la satisfaction du chef pour la maitrise du sujet ce fût mon tour de prendre les commandes. Deux ou trois tours de pistes par vent de travers et nous montâmes à 1500 mètres. Quand le chef nous demandait de grimper toujours plus haut c’est qu’il nous réservait une figure peu habituelle. L’altitude choisie atteinte il coupa carrément le moteur, sans prévenir et me cria « hélice calée!!! procédure… redémarres-moi ce moteur…! » Les réflexes ayant pris le dessus je me mis en piqué face au vent et entrepris de secouer le manche d’avant en arrière jusqu’à ce que l’hélice reparte dans une révolution effrénée…  » cabre…cabre… cabre… badin… contact… ok… combien on a perdu? » – 700 mètres. « Parfait, c’est bien on rentre. »
        Kaddour Ahmed était un jeune homme plutôt timide, studieux et doué au commandes d’un aéronef. On se rejoignait les weekends pour parfaire notre formation et surtout engranger le maximum d’heures de vols, nous avions déjà dépassé le volume requis pour prétendre à une carrière professionnelle et notre mentor y veillait avec beaucoup de conviction. Le destin en a décidé autrement en cette journée d’automne.
        Les deux Ahmed, le maitre et l’élève, accomplirent deux tours de piste comme pour tirer la révérence, puis s’élevèrent en spirale vers plus de hauteur. On abandonnait toujours la tâche du moment pour admirer les figures de voltige que nous offrait notre instructeur lorsqu’il lui prenait de nous épater. Je m’adossais donc à la Renault 16 pour suivre le spectacle, loin de me douter qu’il serait le dernier. Un pincement me noua l’estomac lorsque je vis le Jodel se mettre face au nord, nous prenions toujours le promontoire de sidi kacem comme repère pour des figures de précision. C’est ce que me confirma la trajectoire du monomoteur lorsqu’il entama sa première boucle, ou peut-être un 180 rapide, mais ce fut bel et bien dans un looping qu’il s’engagea. Une des figures les plus stressantes pour la cellule de l’avion et aussi les pilotes, l’appareil n’étant pas conçu pour ce genre d’exercice. Mourad ne ratait rien de la scène. L’apogée et le passage sur le dos furent impeccables mais la ressource semblait laborieuse; en piqué le Jodel peinait à se remettre à l’horizontale et l’énorme vitesse du vent relatif empêchait le nez de l’avion de pointer de nouveau la direction de Sidi Kacem. Je n’ai pas senti les doigts de Mourad se planter dans mon bras lorsque je vis un aile se détacher du fuselage, puis la deuxième, puis les deux Ahmed éjectés et chuter presque en même temps que le moteur. Pendant quelques secondes tétanisés nous continuions à suivre du regard effaré mon instructeur et mon camarade dans leur chute pour venir s’écraser à quelques centaines de mètres là ou se trouve aujourd’hui la nouvelle gare routière qui ne porte pas leurs noms.
        Je ne me rappelle pas avoir entendu crier Mourad, peut-être l’ai-je serré contre moi. Aucun doute, je savais ce qu’il était advenu des deux pilotes. Je savais qu’il n’y avait plus rien à faire et que nul ne pouvait leur venir en aide; et pourtant je me suis mis à courir vers le téléphone, oubliant Mourad, bousculant El Hadj kambouche le gardien terrorisé qui gesticulait dans tous les sens hors d’haleine en criant:  » Ahmed est tombé…Ahmed est tombé…! » De la fumée s’élevait derrière la rangée d’oliviers à quelques centaines de mètres. Je me suis mis à courir dans sa direction quand je me suis aperçu que Mourad me suivait, me suis ravisé et retournait vers la tour ou se trouvait le téléphone en trainant l’enfant. A l’époque il fallait passer par une opératrice, dès qu’elle prit l’appel je lui ai crié: « appelez ambulance… pompier… police, c’est un accident d’avion ici à l’aéroclub. Dès que j’ai raccroché le téléphone s’est mis à sonner, ma tête était en feu et nous restions là tous les deux hébétés, Mourad répétant papa, papa, sans qu’aucun son ne sorte de sa bouche. Je décrochait enfin, la voix d’une femme criait Ahmed…! Ahmed…! Passez-moi Ahmed ou est-il? Je suis sa femme… Ahmed… appelez-le…aujourd’hui encore je ne sais d’ou j’ai puisé la lucidité pour lui annoncer qu’il y avait bien eu accident mais qu’on n’en savait pas encore la gravité et que Mourad se trouvait avec moi et qu’il allait bien.
        La suite s’est déroulée comme dans un mauvais film. La nouvelle allait se répandre comme une trainée de poudre et mes parents allaient paniquer. Je ne sais plus comment je me suis retrouvé à courir vers le centre ville, il fallait que ma famille me voit, elle sait que je devait voler ce jour là. Passé la garnison j’ai aperçu mon père haletant, le visage défait par une course désespérée. Un concert de klaxons est venu interrompre nos retrouvailles, c’était le CRT, équipe locale de football qui rentrait d’un déplacement victorieux. Saïd gaucher était l’une de ses vedettes et voilà que son frère kadour Ahmed viens de périr dans l’accident, car nul besoin de confirmer le décès des deux pilotes.
        La nuit fût si longue et peuplée de cauchemars, je revoyais les morceaux d’aile planer comme de vulgaires feuilles mortes que le vent sustentait à cette saison. Le lendemain la cité en plus de la léthargie ramadanesque s’emmura dans un silence morbide. Dès la mâtiné les premiers avions atterrirent sur la piste même qui a servi au dernier décollage du Jodel D120. Tous les responsables de la DAC étaient là, tous les pilotes du pays qui ont connu Benchiha étaient là, les enquêteurs de l’aviation civile aussi, Il jouissait d’une telle estime. Les obsèques eurent lieu en présence d’une foule sans précédent. Ain-Temouchent venait d’enterrer deux de ses meilleurs enfants, qui s’en est rappelé depuis. Que n’a t-on pas honoré de mémoires historiques, sportives, culturelles, mais qui s’est rappelé de celui qui a préservé les six ou sept hectares de terrain avec sa piste d’envol de 720 mètres, la meilleure piste de karting du pays avec ses engins, les avions, les hangars des rigueurs du temps et même du vandalisme. Quelle ville de ce pays pouvait se targuer de posséder son propre avion sanitaire pour évacuer à titre gracieux ses malades moins de dix ans après l’indépendance. Un seul homme aura eu ce mérite mais pas les honneurs, pas même à titre posthume, car de son vivant il n’était pas homme à s’exposer aux feux de la rampe. Cet homme c’était Ahmed Benchiha, il lui suffisait de susciter l’estime de ses pairs, il était la référence dans le milieu aéronautique. Les écoles, lycées et collèges de la ville devraient se rappeler la bienveillance de ce pilote émérite car autodidacte qui organisait des manifestations aériennes avec baptêmes de l’air gratuits pour leurs élèves, un bon nombre de ces derniers qui n’ont pu quitter le plancher des vaches pour la première fois de leur vie que grâce à Benchiha pourraient en parler aujourd’hui. Mais la cité et ses élus… comment peut-on occulter la contribution d’un homme au rayonnement de sa ville.
        J’ai souvent demandé à Hakim son autre fils de me permettre d’accéder au archives de la famille pour sortir son défunt père de l’anonymat dans lequel on l’a injustement confiné, en fils de son père comme sa sœur ils m’ont semblé préférer la dignité aux honneurs. Quand à Mourad et hadja, les autres enfants Benchiha, ils ont quitté ce bas monde au printemps de leurs vies sans avoir à souffrir l’ingratitude de leurs semblables.

        A. Benmazouz Ancien pilote

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