Long de 80 km, le littoral de la wilaya d’Aïn Témouchent recèle des sites enchanteurs qui drainent chaque année des millions de visiteurs. Une zone touristique qui n’a pas trop souffert des aléas de la civilisation des loisirs. La plupart des plages ont été épargnées par la pollution. Des eaux limpides, des criques sauvages nichées au pied de hautes falaises et des forêts. Des atouts naturels qui ne demandent qu’à être valorisés au profit d’un tourisme haut de gamme. De la plage Ouardania à Madagh 2, ce ne sont que paysages au charme envoûtant où le lentisque, le palmier nain et l’eucalyptus ajoutent une touche sauvage. Nous vous invitons à une balade le long de la côte témouchentoise afin de vous faire découvrir les mille et une facettes de cette contrée où s’entremêlent histoire, culture et lieux insolites.
A l’origine, et cela bien avant que le blé, la vigne et l’olivier n’attirent les commerçants du bassin méditerranéen, les côtes de l’Oranie occidentale ont vu défiler plusieurs armées d’invasion. A l’embouchure de la Tafna se trouvait un site des plus prestigieux de l’histoire ancienne de l’Algérie. Il s’agit de Siga, une cité antique érigée en capitale sous le règne de Syphax (205 avant notre ère). Les voyageurs phéniciens se rencontraient généralement à Portus Sigentu, premier nom de Siga, sur les plages de Camerata, Ouardania et l’isthme situé près de Zouanif. Des découvertes ont révélé par ailleurs que la ville de Siga a subsisté au moins jusqu’à l’époque almohade, c’est à-dire au 12ème siècle, avant d’être supplantée par Rachgoun devenu plus tard port de Tlemcen. L’historien arabe El Bekri cite plus d’une dizaine d’autres sites de villes ou centres de vie qui auront
vu le jour s’égrenant sur le littoral tout près de Siga, dont Hisn El Fourous, Hisn Wardanya, Taferganit, Touant, Tabahrit, que la mémoire a fini par oublier jusqu’à même l’emplacement.
A près de 1.800 mètres de la côte de Rachgoun se dresse, sur près de 17 hectares tel un dinosaure en somnolence, le cap d’Accra ou l’île Layella que les Carthaginois, pour des raisons stratégiques, ont occupée dès leur arrivée. Des traces de ce séjour lointain furent exhumées lorsque les Français y édifièrent en 1855 un petit poste de surveillance pour contrôler le trafic maritime. Plus tard, vers 1879, ils réalisèrent un phare s’élevant à 65 mètres au-dessus du niveau de la mer. L’île de Rachgoun est aujourd’hui un endroit très recherché par les pêcheurs solitaires et les touristes en quête de vide sidéral. Un endroit difficile d’accès, dont seuls les habitués en connaissent les petits secrets.
La région de Oulhaça connut de nombreuses péripéties comme en témoigne l’exaltant destin de Sidi Yacoub, dont la plage éponyme a été le théâtre au milieu du 14e siècle d’un fait retenu par l’histoire. On raconte que le saint patron de la région, en méditation sur le méplat d’une falaise, vit un voilier espagnol en situation de détresse. Les navigateurs étrangers immobilisèrent leur bateau et se dirigèrent par canot vers la terre ferme pour demander du secours. C’est le wali Sidi Yacoub, selon le récit,qui les accueillit. A sa vue, les marins impressionnés par son attitude mystique pensaient être victimes d’un sort qu’aurait jeté sur eux l’inconnu. « Non, dira le saint homme, je cherche seulement à me procurer du bois ».
Les marins répondirent : « Aide-nous et nous t’en ramènerons à notre prochain voyage ». Sidi Yacoub fit alors cette étonnante déclaration : « Une fois en Espagne, mettez le bois en pile, liez-le puis jetez-le à la mer et dites « Pour toi Sidi Yacoub » ! Et cela me parviendra ». A leur retour, ils suivirent à la lettre la recommandation du wali. Emportés par le courant marin, les rondins de bois arrivèrent comme prévu, même si à l’approche du rivage des habitants tentèrent en vain de les détourner de leur trajectoire. Les deux maîtres maçons de Sidi Yacoub, Hammou et Boulifa, se chargeront de monter le bois jusqu’au sommet de la falaise. C’est sur cet emplacement que la mosquée de Sidi Yacoub a été construite en 1338.
Elle sera un lieu de rayonnement spirituel, où viendront étudier le Coran d’illustres érudits tels l’Emir Abdelkader, son lieutenant Bouhmidi ou encore Cheïkh El Bouabdelli de Béthioua (Arzew).
Source : Echo-Oran