Bensahih Saïd (président du CCS )

sportsC’est une fois sa carte de visite déclinée que l’on comprend pourquoi Bensahih Saïd, moustaches poivre et sel, entretient depuis toujours une forte relation d’amour avec le sport. Fils aîné d’une ancienne gloire du football surnommée «Petit Mankour» dont la classe a fait les beaux jours du CDJ et de plusieurs autres équipes de l’Oranie, l’actuel président du CCS d’Aïn Témouchent est un ex-cadre sportif du CREPS d’Aïn El-Turck. Tout en se vouant à l’enseignement, il décrochera un diplôme d’entraîneur du 2ème degré, délivré par la Fédération Algérienne de Football qui l’amènera à driver quelques équipes locales mais comme nul n’est prophète en son pays, il se consacrera à l’encadrement des élèves avant d’être désigné en qualité de secrétaire général de la Ligue des sports scolaires, poste qu’il occupera jusqu’à sa mise à la retraite. La Fédération des sports scolaires lui décernera la médaille de mérite pour services rendus au sport scolaire. On le retrouvera quelque temps après à la tête du CCS (Conseil communal des sports) qu’il quittera faute de soutien et de perspectives. Et c’est seulement cette année qu’il sera sollicité pour reprendre les rênes du conseil, encouragé par les assurances données par M. Touil Boucif, le président de l’APC. A peine désigné, Bensahih frappera un grand coup en organisant tant bien que mal la 1ère édition du festival communal des écoles de sport. Nous lui avons demandé de nous livrer ses impressions et sa vision du développement sportif. Ecoutons cet inlassable arpenteur de terrains :
L’Echo d’Oran : Comment vous est venue l’idée de mettre sur pied un festival des écoles de sport ?
B.S. : Juste après l’installation du Conseil communal des sports, au mois de mars 2008, nous avons voulu rompre avec le bricolage et insuffler au CCS une dynamique conforme à ses missions précisées par le décret exécutif 96-125 du 02/11/1991. Et j’ai tout naturellement proposé un programme d’action pour donner une assise concrète au CCS et l’intégrer dans une stratégie locale du développement sportif. Le festival figurait dans nos objectifs en tant qu’étape visant à évaluer les potentialités existantes au sein des écoles activant réellement au niveau de la commune.
Pendant la phase de préparation, nous avons travaillé en étroite collaboration avec la DJS et les associations s’occupant de la formation, ainsi que toutes les personnes concernées et informées du contenu de la fiche technique du festival en termes d’effectifs, de participation, besoins financiers, etc.
D’autant que je suis habitué à ce genre d’opération puisque, à l’époque où j’étais S.G. de la Ligue des sports scolaires, nous avons organisé des championnats nationaux à Aïn Témouchent.
E.O. : On vous a vu au four et au moulin. Est-ce que vous avez le sentiment d’avoir porté à bout de bras ce festival.
B.S. : C’est la première fois que les écoles se rencontrent pour jauger leur niveau. Il fallait convaincre certains esprits réticents gagnés par la routine exorbitante. Je rends hommage aux entraîneurs et arbitres qui ont adhéré à l’idée mais, je vais être franc avec vous, beaucoup n’ont pas cru à la réussite de ce festival.
Durant la 1ère semaine des compétitions sur les 23 équipes programmées, 16 se sont manifestées et c’est à partir de la deuxième semaine que nous avons été confrontés à une série de problèmes : refus d’accéder au stade olympique pour les 1/2 finales, manque de coopération, sinon blocage de la DJS, aucune assistance financière, etc.
Nous avons dû chambouler le programme et annuler les compétitions en volley-ball, law-tennis, athlétisme. Le stade olympique est censé revenir aux jeunes avec ses terrains et ses moyens, d’autant que la jeunesse de la wilaya attend son ouverture depuis 20 ans. La gestion bureaucratique du sport continue de faire des dégâts. J’ai presque 40 ans de métier et je suis sidéré par le comportement de certains responsables sportifs qui se considèrent comme les seuls centres de décision. Mais, finalement, de quoi a-t-on peur ? Le festival a levé le voile sur nombre de dysfonctionnements touchant des associations qui bénéficient de subventions alors qu’elles n’ont pas été capables de lancer les jalons d’une école de formation Au sens vrai du terme, il existe des écoles encore à l’état embryonnaire qui font illusion.
D’autres bougent depuis des années sans résultats apparents. Le recrutement des éléments composant les écoles doit se faire en fonction de critères déjà définis pour chaque discipline, les techniciens en principe les connaissent. Le système de prospection et de détection des jeunes talents sportifs fait nécessairement appel au vivier scolaire. Pour l’instant, il n’y a pas de passerelles entre les clubs et l’école. Le problème central se situe là. Prenez l’exemple du sport féminin à l’échelon local. Sa participation à ce festival a été dérisoire, deux équipes très moyennes, malgré l’existence d’une association pompeusement dénommée «Pour la promotion et le développement du sport féminin» au sein de laquelle d’ailleurs, les enseignantes d’EPS sont pratiquement absentes. Chasse gardée ? La vérité est que les gens ont peur de la lumière et ce festival a dérangé parce qu’il met à nu le niveau d’activité des associations encadrées par des fonctionnaires de la DJS et la valeur de leur apport au plan de la formation et du développement des disciplines. Il y a un état d’esprit confortable qui semble satisfaire tout le monde. Les résultats sont là, le handball, le volley-ball, l’athlétisme, le tennis, la boxe, voire même le football, ont périclité lorsqu’ils ne disparaissent pas. Cette ville a connu de grands champions dans toutes les disciplines, elle ne mérite pas un tel sort.
Aïn Témouchent a également enfanté des cadres sportifs reconnus partout sauf chez eux. Dites-moi si une manifestation de villégiature comme le beach volley féminin ou le beach football féminin a plus de considération qu’un festival de jeunes talents ? Pourtant le «tourisme sportif» est fortement subventionné. Des paradoxes qui expliquent que le sport local se porte mal, très mal.
L’Echo d’Oran: Selon vous, ilfaut revoir l’organisation des écoles de sport en pensant à des statuts.
B.S.: Le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports au cours de sa dernière réunion avec les DJS du pays, a insisté sur le rôle des écoles de sport dans la promotion du sport en Algérie. C’est une vision que je partage totalement. Il s’agit aujourd’hui à travers un texte officiel, de donner une légitimité aux écoles de sport et de clarifier les aspects relatifs aux catégories d’âge et licences, à l’utilisation des techniciens du MJS ou indépendants, au financement, au contrôle pédagogique et au système de compétition qui doit soutenir le développement des écoles de sport car lorsqu’on recherche l’excellence et la performance, il faut donner à la compétition sous toutes ses formes (tournoi, championnat, olympiades…) sa place, nonobstant les valeurs sportives que véhicule le match. Un gosse m’a dit durant le festival : «c’est la première fois que l’on joue contre d’autres équipes ». Cela se passe de commentaire…
E.O.: Le mot de la fin…
B.S.: Je remercie les rares parties qui ont bien voulu nous prêter leur aide, en l’occurrence le président de l’APC, la radio locale, la presse en générale et L’Echo d’Oran en particulier. J’émets le voeu que ce festival soit inscrit dans la durée, sous le parrainage de la wilaya et pourquoi ne pas l’institutionnaliser sous l’appellation de «festival» ou «olympiades», en commençant par la phase communale puis daïra et enfin wilaya. Cela permettra de relancer les CCS et de recenser l’élite sportive locale.

Source : Echo-Oran

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