Grande fébrilité dans les magasins

Décidément, le mois de piété et du pardon a bon dos. La grande majorité des citoyens de la localité d’Aïn Témouchent ont commencé à faire leurs emplettes bien avant l’annonce de la date du jeûne. Ces préparatifs, force est de le constater, rompent avec la tradition que les anciens entretenaient. Il y a quelques années, les maîtresses de maison fidèles aux enseignements appris auprès des grands-mères, se limitaient à acheter des épices et à rouleur le couscous en prévision du s’hour. Hélas, cette habitude qui sied si bien à l’esprit du Ramadhan, semble ne plus de mise. Nous sommes passés d’une société ancestrale à une société de consommation. Le spectacle est affligeant, dans la plupart des magasins, supérettes, boucheries, marchés et commerces de gros, c’est la ruée. Tout le monde s’y met, ménages modestes ou fortunés, tout un chacun constitue sa réserve de provisions. On se croirait à la veille d’un siège. Le mois de Ramadhan censé symboliser la frugalité et la générosité à l’endroit des autres, est devenu au fil du temps, une occasion de faire bombance sous la bannière de la religion. Une période festive où tous les excès sont permis. Sauf peut-être pour ces millions de pauvres et retraités de la Fonction publique, obligés de serrer la ceinture.
«Chaque jour que Dieu fait apporte sa Miséricorde», diront les plus fatalistes. Les mois de carême se suivent et ne se ressemblent pas. Cette frénésie du ventre n’a jamais fait partie de nos coutumes. Certains l’expliquent par l’apparition d’une nouvelle classe de parvenus, les riches de la dernière génération, qui dépensent sans compter pour combler des frustrations longtemps contenues. D’une manière aussi indécente que suspecte. Ils n’hésitent pas à s’offrir des moutons entiers pour s’épargner la corvée du marché. Et à ce propos, le prix du kilogramme d’agneau a atteint hier les 900 dinars, soit une hausse de 100 dinars, au moment où l’Etat a décidé de fixer le prix de la viande à 650 DA pour stopper l’hérésie. Interpellé sur ce paradoxe, un boucher avisé eût cette réponse: «Dites à l’Etat de bien surveiller les frontières, c’est de là que vient tout le mal». Quant à la pomme de terre, le produit de base du citoyen lambda, il était écoulé à 50 DA au marché couvert de la ville.
La régulation des circuits commerciaux pris en otage par les réseaux de spéculateurs n’est pas pour demain si l’on s’en tient aux coûts en dents de scie affichés sur les étals. Il reste à espérer
une baisse de la tendance à la demande, après la première semaine de ce Ramadhan qui vient de nous révéler des comportements nouveaux auxquels doivent s’intéresser les spécialistes de la mouvance sociale.

Source : Echo-Oran

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