Les services de sécurité ayant fait état de la saisie de 611 kilos de kif traité, durant le 1er semestre 2008, ne semblent pas avoir le même succès en matière de psychotropes, dont la livraison ne ferait pas l’objet de factures distinctes, tout au long de la chaîne de distribution, ce qui rendrait moins efficace son contrôle. A l’occasion de la jour-née mondiale de lutte contre la drogue, la sûreté de la wilaya (SW) d’Aïn Témouchent a organisé, au siège de l’ODEJ (ex-CIAJ), une séance de sensibilisation et d’information sur les drogues et leur interférence sur l’individu et à travers lui, sur le reste de la société. La conférencière déléguée par la SW, commencera par remarquer que «la drogue est un fléau international et ne concerne pas seulement les services de sécurité et la justice pour lutter contre ce phénomène, mais également la société civile».
A vrai dire, la consommation du kif et des psychotropes est devenue un phénomène de mode, qui trouve ses origines dans la nuit des temps coloniaux, quand la main d’œuvre marocaine venait travailler dans la mine de fer de Béni-Saf et chez les colons de la région témouchentoise, devenue ces dernières décennies une véritable plaque tournante, que lui confère son statut de passage obligé des cargaisons de stupéfiants provenant de la frontière ouest. C’est ainsi que les statistiques du 1er semestre 2008 montrent, que si 36 kg de kif ont été saisis par la sûreté de wilaya, les prises totalisées par la gendarmerie et faisant état de 575kg de la même substance ont de quoi effrayer le commun des citoyens. Comparativement à la même période de l’année 2007, l’augmentation est, nous affirme-t-on, très sensible. Pour engager une lutte efficiente contre ce phénomène, il est donc impérieux d’installer à Ain Temouchent, une antenne de l’office national de lutte contre la drogue. Cette structure serait chargée de veiller à l’application de la politique nationale de prévention et à la coordination avec tous les secteurs concernés, en se basant sur l’implication des milieux familial, scolaire, culturel et associatif.
S’agissant du traitement et du suivi de la catégorie des toxicomanes, en attendant la réalisation du centre spécialisé (CIST) de Ain Témouchent, la DSP a ouvert dans une de ses structures à Sidi Saïd, un centre intermédiaire de santé mentale (CISM), dont le rôle se limite à la prévention et par lequel ont déjà transité 107 patients. Ces derniers ont trouvé là soutien psychologique, conseils et orientations vers le centre de cure, prodigués par les médecins et autres psychologues affectés à ce centre.
Selon son responsable qui cumule également la présidence de l’association «El-Akl Salim» (l’esprit sain), la DSP a ouvert des salles de prises en charge temporaires, respectivement au niveau des EHS de Ain Témouchent (10 lits), Hammam Bouhadjar (5 lits) et Béni-Saf (5 lits). Enfin, un pharmacien membre du SNAPO, a eu le courage de dénoncer la facilité d’acquisition par les jeunes des psychotropes mis sur le marché. De ce fait, il appelle le gouvernement à contrôler plus sérieusement la chaîne de distribution de ces psychotropes, et ce, depuis l’importateur jusqu’à l’officine placée en bout de chaîne. Selon lui, il est souhaitable que les livraisons de psychotropes fassent l’objet de factures spéciales et ne soient plus intégrées aux factures des autres médicaments, ce qui complique davantage les contrôles.
Source : Voix-Oranie