Avec le règne des grandes chaleurs, c’est le temps de la ruée vers les plages pour les habitants de Témouchent. Mais pas vraiment de tous les Témouchentois puisque certains, une minorité, ne se laissent pas guider par l’instinct grégaire qui précipite la foultitude sur le littoral. Et de tous les lieux de villégiature qui font concurrence à l’attrait de la mer, il y a, pour la champêtre sortie, la ferme Kraus située à une dizaine de kilomètres au sud-est du chef lieu de wilaya, au Souf Tell. Une ancienne piste, aujourd’hui goudronnée, y mène, serpentant à travers de bucoliques paysages faits de champs de céréales et de vignobles. Mais, ce n’est pas la ferme, elle-même, qui fait l’attraction lorsqu’on arrive au mamelon sur lequel elle surplombe la plaine, une plaine vallonnée que limite le versant nord des monts du Tessala. Ce sont plutôt le petit bois et le jardin exotique qui l’avoisinent qui sont la destination des amoureux de la nature. Pour comprendre leur intérêt pour ce havre, il y a lieu de savoir que la superficie forestière de la wilaya ne dépasse pas 12% de sa superficie totale et que sur cette portion congrue, les forêts naturelles constituent 9,12% (2701 ha), les forêts artificielles 28,04%, soit 3358 ha, et le maquis 62, 82% soit 18 591 ha. Mais de toutes les touffes d’arbres qui existent, c’est celle avoisinant la ferme Kraus qui est la plus prisée. Elle l’est parce qu’il y règne un microclimat semblable à celui d’une oasis, un air qui, d’ailleurs, invite à l’escapade dès l’arrivée du printemps. On y vient en famille en voiture, à deux ou à plusieurs, à moto et même à vélo. Les visiteurs qui ont le culte de la tranquillité ne sont nullement gênés par le bruyant bavardage d’une multitude d’oiseaux qui ont le chic de demeurer invisibles. Ces volatiles, si minuscules, se laissent à peine apercevoir quand ils passent subrepticement d’une cime d’un pin à celle d’un autre lorsque leurs conciliabules leur font conclure quelque aventure à deux.
Les visiteurs ont également le plaisir de beaux restes de ce qui fut un jardin botanique dédié à toutes les variétés de cactus et plantes méditerranéennes de la famille de l’aloès. C’est le seul survivant de quelques autres que des colons parmi les plus fortunés s’étaient offert pour étaler leur puissance financière. L’un d’eux, du côté de Hammam Bou Hadjar, raconte-t-on, l’avait fait pour que son épouse, une sud-américaine, puisse disposer d’un lieu où elle retrouve une part de son pays lointain. Pour l’accueil des visiteurs qui y viennent pour un pique-nique, les forestiers ont eu récemment l’amabilité d’installer des tables et des bancs taillés à même des troncs d’arbres. Cependant beaucoup reste à faire avant que le lieu ne soit clochardisé. Ainsi, les campeurs, au lieu de s’armer de camping-gaz, usent de brasiers dont la cendre est étalée partout alors que les sachets de plastique ornent de plus en plus le paysage. Et s’il est un plaisir de suivre des parties de football entre des tout petits et des adultes, ces derniers fâchent avec leur propension à installer à l’abri du soleil leurs véhicules sous les arbres et à dénaturer affreusement les lieux.
Source : El-Watan