Considérée comme une localité semi-rurale, Aïn Témouchent a depuis toujours accordé aux activités artisanales une place de choix. L’on se souvient qu’à l’époque coloniale, pour subvenir à leurs besoins, de nombreux autochtones s’adonnaient à divers petits métiers hérités d’une longue tradition ancestrale. Derraz, khayat, hallak, nedjar, etc. Autant de professions qui se transmettaient de génération en génération. Aujourd’hui, il convient de se rendre à l’évidence, car ces métiers n’ont plus la cote d’antan, et seuls quelques passionnés continuent de perpétuer certains arts traditionnels tombés en désuétude, en raison de l’intrusion de produits fabriqués selon des procédés modernes. Le tapis de laine, les couvertures, les poteries, voire même la vannerie, sont désormais concurrencés par l’arrivée sur le marché local de marchandises de l’importation. Mais, ce bouleversement du marché de la consommation a fait que les arts dits traditionnels ont du mal à soutenir la comparaison, en plus des prix. Prenons l’exemple de la tapisserie, une activité qui localement reste prisée à Oulhaça, Ouled Kihal et Sidi Boumediène. Dans les années soixante-dix et grâce notamment à l’unité de la Société nationale de l’artisanat (SNAT) d’El-Malah, la tapisserie a connu un grand essor. Le centre, après son abandon par la SNAT, sera placé sous la tutelle de la commune de 1987 à 1992, avant d’être intégré dans les structures de la Direction de la jeunesse et des sports qui en fera une maison pour jeunes.
Le tapis d’El Malah perdra ainsi de son prestige, lui qui était réputé pour sa haute laine et ses motifs finement incrustés. La corporation des tisserands qui comptait dans les années 80, 24 membres pour la seule ville d’Aïn Témouchent, se retrouve maintenant avec un seul représentant. Un jeune de 35 ans qui a acquis le métier auprès de son père. L’atelier produit le «bourabah», le «henbel» et le «bouchraouit» bariolé, confectionné à base de lambeaux de tissus triturés. D’autres métiers de l’artisanat tentent laborieusement de se faire une place au soleil. La poterie encore pratiquée au niveau des villages d’El-Amria et de Oulhaça, la céramique d’art, la bijouterie traditionnelle, le vêtement traditionnel ou la dinanderie et la vannerie. Le créneau pour l’ensemble de la wilaya totalise 127 artisans traditionnels et d’art dont 27 à Aïn Témouchent, 21 à Sidi Ben Adda, 11 à Béni-Saf et 09 à Ouled Kihal. Sur les quais du port de Béni-Saf, une multitude d’artisans s’apprêtent à réparer bateaux et filets de pêche, en raccommodant des mailles déchirées. Un travail qui nécessite beaucoup de dextérité et un matériel spécifique dont les ouvriers ont le secret. Il reste que les potentialités artisanales de la wilaya méritent une attention particulière, eu égard à leur pouvoir attractif dans le domaine touristique et à leur fonction culturelle dans la préservation du patrimoine populaire.
Source : Echo-Oran