«Vous voulez notre sable jeudi? Ramenez-nous de la terre!…» Tel est le message à forte teneur écologique que devront désormais décoder, le jeudi, jour de fermeture de la sablière de Terga, les camionneurs chargés de ramener du sable aux chantiers ouverts à travers la région ouest du pays, s’ils tiennent du moins à le charger ce jour-là. Les transporteurs enle-vant le sable marin à partir de la sablière de Terga, ont observé, hier dimanche dans la matinée, un mouvement de grève, pour marquer leur refus de satisfaire les responsables de la wilaya de Aïn Témouchent, qui auraient trouvé là matière à pallier aux menaces écologiques pesant sur le littoral, depuis que les enlèvements se succèdent au niveau de la côte de Terga. Selon les protestataires, il leur était fait obligation de passer d’abord par Aïn Témouchent et y charger ce qu’ils appellent «les déchets ramassés dans cette commune», pour revenir ensuite les décharger dans un espace réservé à cet usage près de Terga plage.
«Dans le cas contraire, disaient-ils, nous ne serons pas autorisés à enlever du sable marin à partir de la sablière de Terga et pour cause. Il nous faudra montrer patte blanche, autrement dit, un bon attestant le service rendu et que nous sommes tenus de présenter au vigile de la sablière, censé veiller à l’application de cette directive», ont-ils souligné.
Ainsi, tous les camionneurs qui auraient pu se présenter sans le fameux quitus, auraient pu être refoulés jusqu’à ce qu’ils remplissent la condition exigée. Une condition qu’ils devaient remplir, disaient-ils, «deux fois par semaine, soit le dimanche et le mercredi. Si cette exigence peut être surmontable pour les camionneurs locaux, estimaient-ils, c’est loin d’être le cas pour ceux qui viennent des wilayas limitrophes, pour former une chaîne de plus de 400 camions et attendre un temps fou pour prendre livraison du matériau requis et rentrer chez eux avant la tombée de la nuit.»
Pour résumer le sentiment personnel de ces chauffeurs rencontrés sur place, l’un d’eux nous avouera: «Je veux bien faire du volontariat, mais une fois par mois, pas deux fois par semaine, car s’est vraiment trop. De plus, nous payons déjà ce sable à sa juste valeur et nous ne voyons pas pourquoi, les responsables concernés nous obligent à passer par ces conditions, que nous estimons arbitraires voire illégales…»
Rencontré à ce sujet, le directeur de la sablière a bien voulu nous éclairer sur la question. Selon lui, cette décision émanant de la wilaya, vise à mobiliser les camionneurs autour de l’objectif de compenser par de la terre les volumes de sable enlevés du littoral. Ceci, en vue de pouvoir reboiser les espaces livrés actuellement à l’érosion.
Ainsi, à moyen terme, tout l’espace occupé par cette sablière en fin de vie, devrait laisser place à un couvert boisé pour protéger l’environnement littoral. «Finalement, dira-t-il en substance, devant cette levée de boucliers de la part des camionneurs, les décideurs ont choisi de couper la poire en deux et d’intéresser les plus motivés d’entre eux à prêter leur concours à cette mission d’intérêt public et écologique à la fois.
C’est ainsi que les journées du jeudi, consacrées habituellement au repos hebdomadaire, la sablière restera ouverte aux seuls camionneurs qui ramèneront de la terre à déverser à l’endroit indiqué, avant de prendre livraison du sable commandé», a-t-il souligné.
Telle est la solution au demeurant honnête qui vient d’être proposée aux camionneurs, qui sont désormais libres d’enlever le sable les autres jours de la semaine, sauf le vendredi et le jeudi avec les restrictions sus évoquées. Ainsi, tout le monde y trouvera son compte et les entreprises concernées devraient être encore plus motivées pour prêter leurs concours à une œuvre aussi louable que celle de la préservation de notre environnement.
Source : Voix-Oranie