SOS aux services sociaux

mainQuand bien même elles seraient dignes d’intérêt, la beauté et la quiétude de la ville d’Aïn Témouchent ne peuvent en aucun cas masquer des conditions de vie infra humaine, comme celles qui nous ont été révélées, ce dernier vendredi, à la cité des 214 Logements, en plein cour de la ville chère à Sidi Saïd. Le premier choc nous vient d’un logis sombre, à côté duquel une favela des hauteurs de Rio de Janeiro passerait pour un palais des Mille et une Nuits. C’est pourtant là que se terrent deux femmes en détresse. Une petite pièce, dépourvue de sanitaires et que des voisins charitables, leur ont abandonnée en leur procurant une porte neuve, pour les protéger du froid, des intempéries et surtout de l’insécurité générée par la bête humaine.
L’une B. Fatima, est née avec l’Indépendance et couve encore ses 4 enfants, dont l’aînée Saïda est âgée de 13 ans, tandis que ses 3 frères ont respectivement 7, 6 et 5 ans. Si les uns répondent au nom de leur mère B. originaire de Relizane et se disant proche du maire d’une grande ville de l’Ouest algérien, les autres enfants portent le nom de leur père, un certain O.C. natif de Témouchent et qui aurait épousé leur mère, sur la foi d’une simple Fatiha, sans que leur union soit confirmée par un acte de mariage dûment retranscrit à l’état civil. Comme il fallait s’y attendre, elle ne tarda pas à se retrouver seule et abandonnée, son «époux» lui ayant laissé en souvenir d’autres enfants à charge. Pour subvenir à leur survie, elle s’adonne à la mendicité à travers les artères de la ville et le plus souvent près des mosquées, où elle traîne derrière elle sa progéniture. Bien entendu, ces enfants n’ont jamais été à l’école et le plus turbulent, Daho en réponse à une question sur son avenir, répondra: «Quand je serai grand, je deviendrai un sauvage et je frapperai avec mon couteau…». C’est dire l’environnement dans lequel il vit et sur lequel devraient méditer sérieusement les responsables du secteur de l’Action sociale et de la Protection de l’Enfance en détresse.
Sous le même toit que cette mère de famille abandonnée, vit une autre, très jeune voire à peine sortie de l’enfance, apparemment mineure et qui tient dans ses bras encore fragiles un innocent poupon de… 13 jours, qu’elle a prénommé Younès. Un reliquat d’une histoire d’amour qui a mal tourné et dont le père biologique s’est soustrait à sa responsabilité de reconnaître son enfant et par-là même de lui attribuer son nom patronymique. Alors, expulsée par sa propre mère pour avoir déshonoré sa famille, elle vint trouver refuge dans ce taudis. Son amie d’infortune B. Fatima aurait bien saisi le tribunal d’Aïn Témouchent, à leurs dires, pour trouver une solution à leur situation de détresse, et ce, consécutivement à l’abandon, dont elles ont fait l’objet. Le soir venu, c’est autour de quelques bougies allumées qu’elles essaient de nourrir la maisonnée, grâce à la recette aléatoire, récoltée par Fatima dans la journée, avant de se glisser sous les couvertures et dans des lits de fortune, dont une partie a été ramenée d’une mosquée et le reste offert par des bienfaiteurs.
L’humidité du logis non chauffé s’est répercutée sur l’état de santé du nouveau-né. Heureusement que la présidente de l’association d’aide aux malades cancéreux l’a pris en charge, pour une consultation médicale. Dieu merci, il existe encore à Ain Témouchent, des personnes charitables qui ont su jusqu’à présent, entourer d’affection ces deux familles monoparentales en détresse, en leur apportant de temps à autres quelques vivres, ainsi que des vêtements chauds et de la literie, surtout que l’hiver s’annonce très rigoureux cette année. Malheureusement, cette assistance matérielle ne peut combler le vide scolaire vertigineux, qui guette ces innocents. Autant leur fournir dès à présent les moyens d’affronter leur avenir, autrement que par des leçons tirées de l’éducation de la rue. La wilaya d’Ain Témouchent qui se fait forte de ses structures sociales et sanitaires, trouvera certainement là l’opportunité de montrer ce qu’elle est capable de faire, pour dégager les horizons encore bouchés de ces innocents.
Contactée à ce sujet, la responsable du service de solidarité de la direction de l’Action sociale (DAS), nous a promis de dépêcher ses agents pour mener une enquête sociale sur les lieux, tout comme la présidente de la FASDE, qui s’est également engagée à prendre en charge ces enfants abandonnés par leurs pères et qui sont en âge d’être scolarisés.

Source: Voix-Oranie

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