Des espaces verts convoités

temouchent Des habitants du quartier résidentiel des 320 Logements «Mohamed Boudiaf» dénoncent l’octroi, par les services sous tutelle de la wilaya, d’une bande de terre à un particulier qui projette d’y ériger une clinique. En fait, cet espace vert intégré dans un précédent POS en tant qu’aire de repos «no aedificanti» aurait connu un curieux transfert. Une affaire qui éclate presque en même temps que le conflit opposant, depuis deux ans, les résidents de la cité des 411 logements à un promoteur qui a fait appel d’une décision de justice bloquant son projet de construction de 78 logements LSP jouxtant leurs villas.
Dans les deux cas, le plan d’aménagement initialement approuvé a subi des modifications. Sans préjuger du respect ou du non-respect du parallélisme des formes procédurales dont seuls les initiés connaissent le cheminement, il y a assurément au départ maldonne, dès lors que les «aménageurs» patentés, en charge de l’organisation de notre espace vital, décident selon les opportunités et en faisant appel à des techniques éprouvées de changer la destination des lots censés accueillir des espaces de détente et de loisirs.
Si un POS peut enfanter un autre et un autre à la manière des poupées russes, qui peut jurer de l’avenir de nos cités ? L’association «Ahia» du quartier Mohamed Boudiaf a, dans sa correspondance envoyée au premier magistrat du pays, fait référence à la loi 06-07 du 13 mai 2007 signée par lui-même es-qualité. Que dit d’intéressant ce texte combien salutaire portant gestion, protection et développement des espaces verts ? Primo, nonobstant les arguments avancés par les uns et les autres pour accréditer leurs revendications, les dispositions générales précisent dans l’article 03 «que le jardin résidentiel est un jardin aménagé pour le délassement et l’esthétique, rattaché à un ensemble résidentiel», ce qui, dans le contentieux évoqué, apparaît de façon plus ou moins claire.
L’article 12 dresse des balises difficilement contournables: «aucun déclassement d’espace vert ne peut être opéré s’il n’a pas fait l’objet d’une étude faisant ressortir l’utilité publique de l’affectation envisagée et d’un accord de déclassement de la commission interministérielle prévue par les dispositions de l’article 10″. La loi 06.07 se montre plus restrictive dans son article 14 qui stipule: «Tout changement d’affectation de l’espace vert classé ou tout mode d’occupation d’une partie de l’espace vert concerné est interdit».
Il reste que c’est l’application de l’article 15 de la présente loi qui risque, à l’avenir, de poser problème si tant est que les promoteurs privés aux prises avec les riverains des 411 et 320 logements, deux lotissements mitoyens que borde la fameuse bande de terre convoitée, arrivent à obtenir gain de cause. En effet, il est énoncé, dans l’article 15, que «toute construction ou infrastructure devant être implantée à une distance inférieure à cent (100) mètres des limites d’un espace vert est interdite». Dans le cas d’espèce, si l’un seulement des deux projets venait à voir le jour, il créerait un précédent qui se traduira par une occupation progressive de tout le cordon de terre séparant de bout en bout les deux lotissements sur une distance de près d’un kilomètre, allant au-delà même de la nouvelle mosquée Oubeïda Ibnou Abi Djerrah. Ceci d’une part, et d’autre part par quelle appellation désigner le reste du continuum nu sinon par «espace vert» et éviter d’être en violation avec l’article 15 qui limite à 100 mètres le no man’s land devant séparer une construction d’un espace vert. A moins que toute la bande s’étirant jusqu’au rond-point de la CCLS sur la route de Sidi Bel-Abbès ne soit déclarée constructible. Une lecture de la loi qui ne souffre d’aucune ambiguïté.
C’est davantage une question de bon sens car est-il intelligent de réaliser, en bordure d’une route à double voie sur un tracé de 16 mètres de large constituant un des rares espaces verts qui subsistent pour «oxygéner» le quartier des logements LSP ? D’autant que ce dernier est appelé à faire jonction à quelques encablures plus loin avec la seconde nouvelle ville du pôle Sud/Est. Quant à la clinique positionnée sur le même axe, juste à une intersection de routes à forte circulation, elle tombe comme un cheveu dans la soupe. Eu égard à l’étroitesse de l’emplacement, elle pourrait s’élever sur plusieurs niveaux avec vue inclinée sur un rond-point, un espace vert, l’hôpital tout proche et une double voie. Belle preuve d’une urbanisation qui n’a pas fini de nous étonner.

Source :Echo-Oran

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