La cité royale de Siga attend sa résurrection

histoireDe la cité antique de Siga (Aïn Témouchent), classée dans le patrimoine national des sites et monuments historiques, il ne reste plus en surface que quelques traces, frêles témoins de sa grandeur passée, mais des trésors archéologiques enfouis attendent d’être découverts. Capitale d’un territoire qui s’étendait sur « plus de la moitié de l’Algérie et une partie du Maroc oriental », la cité numide de Siga n’est plus que rocailles et broussailles, qu’une succession de collines plongées dans un profond silence que seuls les sifflements du vent viennent de temps à autre perturber.
Plusieurs fois saccagée, détruite et incendiée, la cité ne présente plus aucun signe de son prestigieux passé, seulement des tronçons de voie romaine encore visibles par ses pavés, un Mausolée funéraire et des pans de murs effondrés d’une habitation ancienne avec son système d’approvisionnement en eau. On raconte qu’au 3e siècle av. JC, le roi Syphax avait judicieusement choisi de bâtir la cité royale sur les hauteurs environnantes, à deux kilomètres de l’embouchure de l’oued Tafna. Cette proximité avec le port, où se déroulait une activité commerciale florissante, la rendait accessible aux navires marchands qui pouvaient ainsi remonter jusqu’à ses portes. Curieusement, très peu de gens de cette région bordant la mer, au nord-ouest de Aïn Témouchent, sont en mesure d’avancer quelques faits historiques de cette période ou la cité rayonnait sur un vaste royaume numide.
Et encore moins nombreux peut-être sont ceux qui ont visité les Musées d’Oran, de Tlemcen ou de Aïn Témouchent où sont conservées les pièces archéologiques rapportées par ceux qui les ont mises au jour ou par les rares citoyens, qui en connaissent la valeur culturelle.
Rien en fait, jusqu’à ce jour, n’invite la personne de passage à grimper la plus haute colline où Syphax s’était fait construire un Mausolée royal sans savoir qu’il finirait ses jours dans une prison romaine. L’archéologie fera-t-elle revivre ce que ni la mémoire collective ni les écrits n’ont pu transmettre ?
Tout aussi rares ont été les recherches entreprises au milieu des années 1950 lorsque par hasard, un cultivateur a découvert des objets datant d’une époque lointaine. Toutefois, ce n’est qu’en 1978 et 1979, au moment des fouilles entreprises par une équipe de chercheurs algériens et allemands, que furent découverts des vestiges d’une grande importance historique.
Le Mausolée royal qui avait été ouvert sur quelques mètres seulement est demeure inexploré en profondeur. Le jeune président de l’association culturelle qui œuvre à la préservation du royaume massaesyle, affirme avoir par contre constaté des visites de « profanateurs », qui pensaient trouver quelque trésor du genre de ceux qu’on a pu extraire des monuments funéraires.
De nombreuses pièces de monnaie frappées à l’effigie des monarques qui se sont succédé et des objets en terre cuite comme ces petites lampes ont été retrouvées sur le site. Quelques-unes sont soigneusement conservées par l’association qui se propose de concrétiser, un jour, l’idée d’un petit musée local ouvert au large public. Une autre découverte importante fut celle faite sur l’île voisine de Rachgoun. Le squelette d’un homme trouvé à l’intérieur d’une grosse jarre a retenu l’attention de la communauté scientifique de l’époque et figure depuis parmi les plus belles pièces archéologiques déposée au Musée Zabana d’Oran.
Les vestiges d’une antique nécropole punique formée de 114 tombes sont toujours visibles sur l’île, un petit rocher de quelques km2 où la présence de l’homme remonterait à plusieurs millénaires avant Jesus christ. Les Phéniciens s’y étaient établis pour leurs besoins de commercer avant que ce promontoire naturel ne soit occupé par une garnison de soldats espagnols. Difficile d’accès, l’île qui se trouve à 4 km à peine de la côte, servira également de bastion militaire aux troupes du général français Bugeaud dont le but était de priver l’émir Abdelkader de sa logistique en armement.
Située à l’ouest de l’oued Tafna, la commune de Oulhaça est une région chargée d’histoire, ayant été le théâtre de batailles menées par l’émir Abdelkader contre les troupes coloniales françaises. Dans cette lutte pour reconquérir le territoire, l’émir des croyants tel qu’on l’appelait trouva l’appui qu’il attendait des Oulhaça, notamment son fidèle lieutenant Bouhmidi. Le 30 mai 1837, un traité historique y scella une éclatante victoire lorsque le général français reconnut la souveraineté de l’émir sur une grande partie de l’Algérie.
Oulhaça, c’est aussi là que se trouve le quatrième site classé de la wilaya de Aïn Témouchent, dans le village de Sidi Yakoub : la Mosquée, construite en 1338, fait partie des sites les plus visités pour la qualité de son enseignement coranique. On attribue en outre à la zaouia de Sidi Yakoub le fait d’avoir joué un rôle important pendant la lutte de libération nationale. Terre de cultivateurs et de pêcheurs, la région semble avoir traversé les siècles en conservant un mode de vie simple et archaïque. L’exploitation agricole, principalement les maraîchages et un peu de vigne, se pratique encore comme du temps des ancêtres: en retournant la terre avec charrues et anes.
Le calme et la tranquillité de la région, ajoutés à la beauté naturelle du site, n’ont d’égales que la générosité et la courtoisie de ses habitants. D’aucuns y voit déjà un formidable gisement touristique à exploiter, une façon de faire ressurgir l’antique cité royale de Siga…

Source : El-Moudjahid

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