Le folklore en voie d’extinction

Il n’y a pas longtemps, la wilaya d’Aïn Témouchent avait la réputation d’être une contrée de cultures et d’arts populaires. Ses habitants avaient le génie d’allier le savoir-faire dans le travail de la terre et du vignoble et l’organisation de fêtes saisonnières et mariages des rendez-vous où la collectivité exhibait dans la joie, la richesse économique de la région et la fertilité de son art. Malheureusement les témouchentois assistent impuissants à l’extinction progressive de ce patrimoine immatériel que sont les arts populaires et le folklore.
A l’époque, à travers toutes les communes de la wilaya, l’on célébrait les mariages et les waâdate par le rythme et le mouvement, notamment la danse des Alawi que les cheïkhs animaient. Aujourd’hui, pour suivre une ronde de danse de Alawi, il faut se déplacer jusqu’à la commune de Hassasna et solliciter la troupe de «Si Khetib» pour une prestation. Il en est de même pour les grandes waâdate d’Ouled Ahmed qui drainaient des citoyens qui venaient des tribus autochtones de Naâma, de Mecheria et d’El Bayadh.
Puis s’ensuivaient celles de Sidi Bellal et Moulay Tayeb. Pour récupérer cette richesse culturelle et éventuellement sa valorisation, les pouvoirs publics sont interpellés pour s’y impliquer davantage, si l’on sait que des centaines de millions se dépensent dans le secteur de la Culture sans satisfaire la majorité de la population. En plus, il est connu que dans certaines wilayas, les waâdate sont organisées avec le concours du budget de la wilaya ou celui de l’Office national du tourisme; on peut citer à ce titre les waâdate de Sidi Medjdoub à Naâma et celle de Sidi Lakhdar à Mostaganem. Et si l’on considère la dégradation du pouvoir d’achat des citoyens et des ménages algériens, on comprend mieux pourquoi les familles ne participent plus à la tradition d’organisation des waâdate. Selon le mokkadem de Touat, «‘Ami Ahmed», leur dernière waâda a difficilement été organisée. «Nous n’avons pas les moyens financiers» assure-t-il. Et d’ajouter: «Et la principale cause du retard enregistré pour notre waâda, c’est justement le manque de moyens.
Les jours de cette grande fête sont comptés et bientôt, ce sera la fin, si les pouvoirs publics n’interviennent pas». Pour soutenir au moins les grands rendez-vous populaires qui font le bonheur de la wilaya et créer une atmosphère culturelle et touristique, le message est très clair, sinon les Algériens se verront, un jour, importer des troupes folkloriques de l’étranger pour animer leurs fêtes.

Source : Voix-Oranie

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