Mariouma, une pièce de Malek Hadar, est l’histoire de deux tourtereaux qui s’aimaient d’amour tendre mais dont le mariage suivi de longues années heureuses et d’une nombreuse progéniture, est brisé par la malchance, les pesanteurs sociales et l’inaptitude à y faire face. Ce mélodrame, qui se déroule comme une sirupeuse chanson raï, est bien passé auprès d’un public essentiellement jeune à la maison de la culture d’Aïn Témouchent. Ils y ont retrouvé leur façon d’appréhender leur univers avec leurs mots et leur façon d’être.
L’efficacité du spectacle aurait pu être plus certaine, si les situations conflictuelles et particulièrement, celles où le quiproquo surgit, n’étaient escamotées trop rapidement cédant la place à de longs bavardages où l’action est réduite à néant. Les comédiens, aux qualités certaines, auraient mieux donné avec une direction d’acteur plus appropriée. Ils ne se seraient pas contentés de leur sincérité en ramenant à la surface des clichés plutôt que des personnages dont l’épaisseur psychologique aurait mieux convaincu.
Quant à la mise en scène de Yabedri Mohamed, elle aurait pu faire l’économie du mimétisme, en usant d’un mélange des genres. Ainsi, le placage d’effets de distanciation dans une pièce d’essence dramatique était pour le moins saugrenu, dans la mesure où rien ne le justifiait. De la sorte, la constante présence sur scène des personnages principaux et secondaires, alors qu’ils n’ont plus rien à voir avec les situations ainsi leur transformation en chœur et coryphée, font décrocher de la fiction. Ils versent dans le discours ou plutôt dans de grandiloquents commentaires censés délivrer un message qui, en fait, se résume à des platitudes. Il reste que cette coproduction entre l’association Monastir de Misserghin (Oran) et le TRO est perfectible. Mieux, elle est plus digeste que les œuvres dans lesquelles le TRO s’est investi ces dernières années.
Source : EL-Watan